Journal de bord, janvier 1931

 

Maurice, âgé de 23 ans, laisse un témoignage écrit de son voyage à bord du S.S. Sphinx Paquebot des Messageries Maritimes qui le ramène de Chine en France. (Shanghai, Marseille, 34 jours en mer)

Courrier 2
Courrier

3 janvier 1931 Mer de chine / Tribord Chine ; Bâbord Japon                          

Le temps est maussade. Le paquebot attend à quai tel un monstre prêt à surgir. L’heure du départ approche, un véritable flot de monde coule lentement. Sur les appontements l’on se bouscule et l’on discute. J’escalade à nouveau la passerelle ayant accompagné jusqu’à terre non meilleur ami le parisien Baron. Après quelques difficultés je parviens à retrouver ma place grâce à une bonne du restaurant qui m’aiguille vers les 4èmes classe. Je retrouve sur le pot mes anciens amis ainsi que des marins de l’État qui font route vers moi.

A dix heures quinze, la sirène fait entendre son bruit lugubre, les matelots larguent les amarres. Le second maitre annonce au sifflet que tout est paré, les mouchoirs s’agitent sur les quais et des bouquets passent de mains en mains. De gros paquets de pétards sont apportés par de nombreux chinois qui veulent faire honneur à notre départ. Je suis tellement absorbé par tous les préparatifs que je ne vois même pas mes camarades qui me crient au revoir depuis le ponton d’embarquement.

Il est dix heures trente, deux coups de sirène retentissent à nouveau, ils me paraissent plus lugubres et plus graves que le précédent. Je frisonne, mon cœur bat pour une fois. Je m’en rends compte sans le sentir. Un commandement brutal retentit de la passerelle « larguez les amarres ». De lourdes cordes tombent dans l’eau puis les cabestans grincent sur le ponton une équipe de chinois retire les cordes de l’eau tout en poussant des Oh ! Ho ! De plus en plus cadencés.

Il est dix heures cinquante, Le Sphinx (Paquebot des CMM « Compagnie des Messageries Maritimes ») n’est plus relié à la terre que par une multitude de rubans multicolores. Trois coups de sirène déchirent l’air cette fois c’est le départ. Nous nous en rendons compte car le bateau tremble, l’eau bouillonne à l’arrière et lentement le bâtiment quitte le quai. Un véritable feu d’artifice crépite. Des étudiants chinois et japonais agitent des drapeaux. De la passerelle le commandant muni d’un porte-voix donne des ordres brefs. Que de cris, que de pleurs et pourtant c’est un beau jour. Le proverbe le rappel « pas de joie sans larmes » Les rubans qui s’allongent du quai au bateau se comptent. Une gerbe de fleurs tombe à la mer et c’est fini nous avons quitté Shanghai Nous descendons à petite allure le YangPow, affluent du Yang Tsé Kiang par l’intermédiaire duquel nous gagnerons la mer. Nous croisons de nombreux bateaux de guerre. Et de commerce de toutes nationalités. Une dernière fois, je regarde s’éloigner Shanghai ou je viens d’y passer vingt-sept mois de ma jeunesse. Je suis heureux de partir cependant je regrette cette belle ville plus jolie et plus peuplée que notre bon pays. Nous passons auprès d’un paquebot japonais à moteur une vraie ville en fête. Nous croisons à nouveau des bateaux de guerre. Italiens américains, et chinois, les derniers appartenant à la police fluviale chinoise. Nous avons déjà parcouru quelques milles et apercevons l’embouchure du Yang Poo puis nous nous engageons sur le Young Tsé Kiang dont on voit à peine les rives. Le cours d’eau, l’un des plus grands du monde verse des eaux d’un jaune sale. Au dire de mes camarades sa largeur est au point où nous nous trouvons de 50 kilomètres. 

A treize heures nous mouillons à environ un mille de terre en attendant la marée haute pur franchir la passe. Tel était déjà le sort de nombreux navires qui nous précédaient.

A quatre heures nous entendons à nouveau les cabestans fonctionner, nous appareillons. Le brouillard est très épais et nous pouvons apercevoir le commandant se promener à grands pas sur la passerelle, un pli barre son front et le regard avec une inquiétude … un sourire narquois se lit sur son visage ; le vieux loup de mer semble résolu à supporter n’importe quel coup de « tabac ». La vitesse est normale malgré cette brume. Il fait très froid, nous y sommes d’ailleurs habitués car nous avons laissé les environs de Shanghai sous la neige. Je fais mes préparatifs pour la nuit car deux couvertures ne me seront pas suffisantes. Le soir je mets un tricot de laine et je me couche tout habillé. Ma capote me sert de couverture et ma veste d’oreiller. Malgré cela, je me réveille plusieurs fois dans la nuit ayant froid.



4 janvier 1931 Mer de chine / Tribord Chine ; Bâbord Formose (île)

J’ouvre les yeux un peu étonnés, je viens de me réveiller avec une légère migraine. Je me lève non sans avoir bu le traditionnel quart de « Ju ». Je fais ensuite ma toilette sur le pont au risque d’attraper un bon rhume, la mer est toujours houleuse ; nous tanguons légèrement, le brouillard est toujours inquiétant et oblige le paquebot à diminuer légèrement sa vitesse.

Vers midi une légère éclaircie nous permet d’apercevoir à tribord, les côtes de Chine. Les passagers ont fait leur apparition sur le pont des troisièmes mais le brouillard masque à nouveau l’horizon, la température baisse et oblige bientôt les curieux à rentrer. La journée se passera en jouant aux cartes ou en lisant.



5 janvier 1931 Mer de chine / Tribord : Chine ; Bâbord : Philippines ? (Îles)

Le brouillard est encore très épais les côtes sont maintenant invisibles notre navire avance à peine, la journée sera triste. Nous passons notre temps à échanger quelques confidences certains jouent aux cartes. A seize heures trois coups de sirènes consécutifs se font entendre (…) : le maréchal Joffre vient de s’éteindre dit-on.

L’après-midi le brouillard s’épaissit à nouveau de plus en plus, on voit à peine à 10 mètres devant soi. Le Sphinx à par prudence réduit sa vitesse et avance à peine. La sirène mugit toutes les cinq minutes. La nuit très froide se passe dans un vacarme énervant. Ce monstre marin, enveloppé de coton semble faire des appels désespérés.

Vers quatre heures du matin, notre navire ayant obtenu une réponse à ses avertissements stoppe brutalement. Un matelot placé sur le gaillard d’avant frappe sur une cloche, soudain en plein travers, surgit une énorme jonque à voile. Nous venons d’éviter avec peine un cargo chinois ! Après l’échange de quelques signaux par T.S.F nous reprenons notre marche. Le risque de la collision à laquelle nous venons d’échapper à fait perdre l’assurance à tous. Le commandant ne cesse de quitter la passerelle ainsi que tous ses officiers. Les derniers fouillent le brouillard à la jumelle tendant l’oreille au moindre bruit prêt à faire jeter l’ancre à la vue d’un obstacle.

Nous avons un retard sensible sur l’horaire. L’escale à Hong-Kong était prévue pour le lendemain six heures mais le brouillard, le grand ennemi de la navigation nous en empêchera.


6 janvier 1931 Mer de chine / A Tribord : La Chine, à bâbord Iles Philippines

La nuit est assez calme mais dès les premières heures du jour le brouillard réapparaît à nouveau ralentissant notre marche. A treize heures quarante nous risquons d’entrer un petit bateau de pêche chinois dont le pilote frappe sur un énorme plateau en cuivre, cet avertissement un peu spécial, le sauva. Nous stoppons néanmoins pour éviter l’accrochage. Les pêcheurs de ce bateau profèrent des insultes à l’égard des officiers de quart ! 

A quatorze heures, l’homme de quart signale la terre trois quarts bâbord. Le bateau stoppe puis très lentement se remet en marche et nous constatons avec surprise que nous sommes en présence d’un bateau marchand d’environ douze mille tonnes. Il roule, tangue telle une coquille de noix. Mous mouillons à notre tour pour appareiller de nouveau avec le pilote qui doit nous conduire à quai. Bientôt apparaît le terre. Le soleil s’est montré. Quelques instants après nous. Remontons la passe où nous croisons de nombreux bateaux. Un aviso Anglais nous brule la politesse et disparait après avoir répondu à notre salut. Un sous-marin anglais que nous rencontrons ressemble à une énorme baleine.

Nous apercevons déjà Hong Kong, jolie ville perdue dans de monstrueux rochers. Au quai un vide entre des bateaux marque la place qui nous est réservée. Nous saluons encore le paquebot français « André Leboss » (MM) qui s’arrête à appareiller pour Shanghai. Le soir je suis désireux de sortir en ville mais aucun de mes amis ne veut sortir dans ces lieux inconnus. Seul, ayant reçu une bonne leçon à Shanghai qui faillit me couter la vie, je m’en remis à la prudence. Le reste de la soirée se passe à contempler un énorme cargo américain Le « City of Washington » de la compagnie « Chinese Line » qui s’apprête à appareiller Tout le monde travaille à bord, même les officiers. Les hommes d’équipage sont munis de gants en cuir pour éviter les piqures des câbles d’acier. A 17 heure, la sirène du navire qui es à nos côtés se fait entendre. Les machines se mettent en mouvement, l’eau bouillonne à l’arrière, lentement très lentement le navire s’éloigne comme poussé par une main invisible. Nous appareillons le lendemain à la première heure après avoir embarqué de nombreux passagers chinois.



7 janvier 1931 Mer de Chine 

Lorsque je m’éveille les machines sont en mouvement, nous avons quitté le quai d’embarquement et nous descendons lentement parmi les rochers noirâtres. La veille nous avions embarqué de nombreux émigrants chinois qui se rendent. Saïgon. Ils nous amusèrent quelques instants. Un de mes amis fait déjà son choix- Il a jeté son dévolu sur une jolie petite céleste XX qui ne manque pas de grâce. Elle est assise sur le pont découvrant de beaux genoux sans s’inquiéter de notre présence. Nous voulons nous approcher mais une garde vigilante refroidit notre convoitise et nous éloigne du « fruit défendu ». Nous nous intéressons à d’autres émigrants. Ils ont embarqué avec le nécessaire pour traverser : Fruit, légumes, riz, etc. A peine venions-nous de prendre le large qu’un coup de tabac était signalé. Tout devint tranquille à bord, l’on commence à rouler sérieusement. Le navire se soulevait puis retombait embarquant de l’eau. Le mal de mer se fait de plus en plus sentir. J’assistais à un spectacle qui me fit mal au cœur : mes amis des marins français en riaient. Des femmes rendaient tout ce que l’on peut rendre. Je vois la petite chinoise que nous avions vue auparavant près de sa sévère gardienne, elle me fait pitié mais je n’y peux rien. Des houx…houx se succèdent de plus en plus douloureux. Le paquebot ressemblait à un hôpital plus qu’a tout autre chose. Nous longions toujours les côtes mais bientôt elles ne nous intéresseront plus. J’ai un violent mal de tête et prudemment je jugeais nécessaire d’aller me coucher dans la cale. Des cris, des pleurs, une odeur âcre s’en échappaient. Les marins du Sphinx encourageaient ces malheurs émigrants en poussant avec eux des Koo…. Koo à déchirer l’âme. J’en avais assez. Je déguerpis vers les Wc la bouche pleine et allais me coucher les larmes aux yeux. Vers midi la tempête parue s’apaiser mais je ne pus cependant pas absorber la nourriture. Le soir au coucher du soleil, le calme revint, je réussis enfin à manger puis allais me coucher.



8 janvier 1931 

La journée est calme, nous apercevons quelques navires sur la ligne d’horizon. La journée se passe à discuter d’une chose et d’autres. Notre plus grand travail sera d’aller chercher la soupe. L’après-midi nous discutons avec quelques chinois qui parlent français. Ceux-ci nous apprennent qu’ils se rendent à l’exposition coloniale de Paris avec leurs amis ou associés, quarante environ. Un vœu chinois qui avait fait déjà plusieurs traversées nous fait connaitre/déclare que le prix de Shanghai à Marseille et de quarante mille cinq cents francs nourriture comprise.  La journée se passa ainsi à discuter, dormir, jouer au dès « été ».


9 janvier 1931

Le temps est calme, quelques nuages masquent l’horizon. Nous naviguons toujours sur la mer de Chine. Le soleil joue à cache-cache. Nous faisons une copieuse toilette, puis nous avons le plaisir d’admirer les passagers des troisièmes classes qui se promènent sur le pont, parmi lesquels on trouve des Russes, des Anglais, des Chinois, des Allemands et des Hollandais. Dans l’après-midi nous sommes en vue des côtes de la Cochinchine Française. L’arrivée à Saïgon est fixée pour la soirée, nous sommes enfin heureux de voir une ville française. La chaleur se fait de plus en plus sentir, l’on doit se vêtir de vos vêtements de toile et mettre notre casque. A midi nous sommes en vue de « caps Padran « à trois heures, l’on aperçoit la pointe du « caps St Jacques ». Notre navire continue cependant tout droit, ce sert seulement à deux heures que l’on fera cap sur le fleuve qui nous conduira à Saïgon dont on aperçoit déjà au loin ses grandes antennes de la TSF.

Arrivé au pied du cap le navire stoppa puis hissa ses pavillons. La vedette pilote, à moteur, apparait au loin, conduite par deux indigènes. Le pilote à bord nous reprenons notre parce très lentement et nous entrons dans un joli fleuve qui nous conduira au port de Saïgon. L’eau de ce cours d’eau est claire et semble dormir. De tous côtés des buissons semblent sortir de l’eau ; nous prenons des virages brusques, notre navire prend du goût à se renverser, par instants nous piquons droit à la rive mais le pilote veille. La nuit commence à tomber. L’on aperçoit déjà les premiers docks qui garnissent le pot. Quelques instants après nous les longeons. De nombreux bateaux sont accostés, tout le monde travaille à bord malgré une heure déjà avancée l’on entend un bruit de ferraille que l’on jette à terre. Les treuils à vapeur sifflent, grincent puis s’arrêtent pour fonctionner de plus belle. Nous sommes bientôt en vue de notre quai, nous mouillerons par bâbord et raison demi-tour sur place. L’on a mille difficultés à accoster par rapport aux courants.

A huit heures trente nous sommes définitivement amarrés, les quais fourmillent de monde. De nombreux automobiles sont rangés le long des balustrades. Nos émigrants chinois débarquent gardés à vue par la douane. Bientôt le débarquement des marchandises commence. La chaleur est terrible malgré la nuit, l’on boit quelques bouteilles de bières puis fatigué je vais me coucher. Les treuils ne cesseront de fonctionner toute la nuit, je réussi malgré tout à dormir dans un vacarme épouvantable, le navire lui-même en tremblait.



10 janvier 1931

Le lendemain dès la première heure, nous faisons notre toilette avec soin, ensuite je me décide à faire un tour en ville avec un camarade. Nous rentrons pour la soupe, pour sortir à nouveau rendre visite à des camarades qui se trouvent en garnison à Saïgon. Je fais aussi quelques achats parmi lesquels de nombreux fruits. J’achèterai aussi quelques mètres de toile de cette façon je pourrais me déshabiller pour dormir car depuis Shanghai je dors tout habillé.

Le départ de Saïgon est fixé pour le 13 janvier à une heure du matin ; nous avions donc le temps de visiter bien des choses.



11 janvier 1931

Cette journée est employée à visiter le jardin botanique, les serpents, les singes attirèrent notre attention, il fait toujours une chaleur torride et nous sommes heureux de rendre visite aux cafés. Nous faisons encore notre choix sur de nombreux souvenirs : cartes postales, vues etc. Nous descendons ensuite vers l’arsenal où sont amarrés de nombreux bateaux de guerre. Parmi ceux-ci l’on reconnait le croiseur cuirassé « Woldek Rousseau » tout grouille à bord, de nombreux matelots sont employés à laver le pont, d’autres achèvent de peindre l’arrière du navire, la musique donne son plein sans doute pour encourager les travailleurs.

Nous nous rendons ensuite à notre bord car l’heure de la soupe est proche. L’après-midi la promenade recommence à nouveau mais la chaleur nous oblige à passer la plus grande partie de notre temps au café.


12 janvier

Cette journée se passe comme les précédentes par des visites ou promenades. Aussitôt à terre l’on assiste à un embarquement, quatre cents militaires français quittent Saïgon pour Le Tonkin pour parer à de sanglantes révoltes qui se déroulent à « Hernoï ». L’après-midi l’on assiste de nouveau à un débarquement de jeunes Tonkinois qui se rendent à Saïgon pour accomplir leur service militaire. Ceux-ci se rangent dans un ordre remarquable, ils vous doublent comme des bêtes. J’assistai encore à de nouveaux débarquements puis la journée prendra fin par un petit tour en ville.



13 janvier

A mon réveil, j’ai la surprise d’entendre le ronron des machines. Un coup d’œil par les hublots et je m’aperçois que nous avons pris le large, Saïgon a disparu pour toujours. Le reverrait-je, peut-être jamais ? Quelques instants après nous croisons un paquebot des messageries maritimes « L’Artos ». Auparavant son arrivée à Shanghai me faisait plaisir mais cette fois c’est sans regret que je le regarde s’éloigner.

La mer s’annonce fort mauvaise. Mes camarades, des marrons expérimentés s’en réjouissaient en disant « Il y aura du pinard de race ce soir ». Comme je ne me sentais pas très bien, je vais me coucher. Je m’éveille, j’ai la tête lourde, des énormes lames tombent sur le pont avec son bruit d’autres viennent se briser contre les fans du navire. Nous naviguons toujours dans la mer de Chine, l’Océan Indien est proche. Que nous réserve-t-il ? J’en conserve un triste souvenir lors de mon départ. A midi les hommes d’équipages reçoivent l’ordre de verrouiller tous les hublots. Vers 17 heures la bise mit fin à ce petit coup de tabac. Après avoir mangé, je vais me coucher.



14 janvier

La matinée est employée au lavage de notre linge. L’eau est très restreinte, trois baquets pour soixante-dix hommes. Quelques-uns vont se plaindre au commandant et demander que nous ayons de l’eau en suffisance pour prendre des douches. Le lendemain, l’on a enfin l’eau nécessaire. La journée se passera à raconter des histoires. Quelques-uns, des bretons en connaissent de bien belles. Le soir nous jouons aux cartes etc. Enfin la nuit vint, l’on contempla encore de braves arabes en train de dire leurs prières au coucher du soleil. Ils font de grands gestes puis se mettaient à genoux et baisent le pont. Je quitte le pont et vais me coucher un peu maussade.



15 janvier

Cette journée s’annonce incertaine, le temps est brumeux, l’arrivée à Singapour est fixée pour peut heures. A peine sept heures venait d’être « piquée » par l’homme de quart que nous apercevons la terre. De nombreux navires sont devant nous. A tribord, un phare est perché sur un rocher. A huit heures nous sommes en vue de Singapour. Le sémaphore du pont s’empresse de signaler notre arrivée.Le porta apparait, celui-ci est constitué de docks flottants. Avant d’accoster, nous passons près d’un transport de troupes anglais. Sur ce dernier grouille environ sept à huit-cent hommes. Nous accostons près d’un superbe paquebot japonais de la compagnie Kaisen Maru. Une fois à terre, j’allais avec quelques amis visiter la coquette ville de Singapour renommée pour ses richesses, diamants etc.

Ayant soif, nous entrons dans un café mais devant le prix trop élevé des consommations, l’on rebroussa chemin. J’écrivis quelques cartes et tous en chœur l’on prit la route du retour. Nous vîmes bientôt notre navire qui était toujours occupé au déchargement.

De nombreux marchands sont installés sur les quais. Après de nombreuses discussions avec ces derniers nous achetâmes quelques fruits à bon prix.Une fois à bord, nous nous intéressons à de nombreux indigènes montés sur des gondoles, faisant toutes les cabrioles possibles afin d’obtenir une petite pièce de monnaie.

A treize heures, la sirène hurle, les cabestans se font entendre. Nous appareillons avec peine, risquant d’abimer le navire japonais qui se trouvait devant nous. La passe qui est très jolie, franchie, lentement, plages, viaducs, arsenaux, se succèdent. L’après-midi se passe au jeu.



16 janvier 1931

Journée tranquille. Un léger roulis. Promenade sur le pont. Un camarade tombe malade et sera conduit à l’infirmerie de bord. La journée sera comme toutes occupée à jouer. Puis le soir, je me couchais pensant à mon pays que j’allais bientôt revoir.        //Fin//

Cahier

Date de dernière mise à jour : 18/09/2022

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